L'occasion de faire mes gammes avec une nouvelle essence de bois. Cette fois, du bubinga, qui a pris une belle couleur profonde après un passage à l'huile de lin.

Petite galère pour travailler cette pièce, j'ai mis ça sur le compte de cette semaine entière passée loin de l'atelier... mais en fait, il fallait juste prendre le temps de passer un coup de pierre diamantée sur les outils.

J'ai essayé la technique du fil de fer pour incruster un repère d'une demi-inche dans l'encoche. J'aime beaucoup le petit creux crée par cette technique simple, et finalement assez facile à doser, qui résiste bien au ponçage et créer une ornementation discrète.

A retenter, c'est sûr. Pourquoi pas sur le fuseau russe en cours de réalisation ?

Cette fois, un positionnement plus radical: ce fuseau n'est plus un top-whorl, et il l'assume. Même s'il s'utilise comme un top-whorl...

Ce fuseau est extrêmement confortable à utiliser, une petite révélation dans ma vie de fileuse. Le poids n'est plus réparti pareil, c'est particulièrement agréable quand on enroule la laine formée autour de la tige.

C'est le premier fuseau d'une série "d'indécis", car je veux tester d'autres positionnements des fusaïoles.

Une première tentative un peu timide pour décaller la fusaïole vers le milieu.

Avec un joli frêne bicolore.

Rotation stable et bonne inertie, cet essai m'a convaincue qu'il fallait creuser cette piste.

Bien stable, nettement plus lourd que mes autres modèles (41 grammes sur la balance !), avec un large crochet pour faciliter le passage de laine.

Mais comme toujours, je pense que ce n'est pas parce qu'on débute qu'on doit avoir des fuseaux moches. Donc la fusaïole est en cerisier, lustrée et cirée pour mettre en valeur le joli grain nuancé de ce bois clair.

Je n'ai pas trop sculpté la tige, car je sais qu'un fuseau de débutant tombe souvent par terre. Mais une petite encoche stabilisera la laine sous la fusaïole.

Simple et robuste, avec une tige pas trop longue et bien solide.

Mais la simplicité n'empêche pas de choisir un joli bois, et de soigner les finitions pour mettre le grain en valeur.

J'ai souvent du mal à entamer le stock d'essences nobles, et c'est généralement une demande particulière qui me permet de sauter le pas.

Donc là, sûr que je vais racheter du bois de rose, quel rendu !

Les yarn gauges ne sont jamais identiques, chacune a son petit truc à elle.

La seconde tentative fut la bonne: il suffisait d'y aller doucement, de tourner la tige le matin, de laisser reposer, de prendre une grande inspiration et de faire les encoches le soir.

Ponçage poussé, puis test grandeur nature avec une laine filée main peu tordue, qui aurait donc facilement tendance à se dédoubler. Un vrai crash-test, donc.

Le 8...

... et le 9

Ca marche !

J'ai été contactée par une crocheteuse qui recherche des crochets doubles de gros diamètres. L'idée étant d'avoir deux numéros différents à chaque bout. J'ai accepté de réaliser un prototype.

Côté n°9, ça pourrait passer, avec un bon coup de ponçage.

Par contre, côté n°8, c'est clairement la cata...

En même temps, j'ai raté beaucoup de fuseaux et encore plus de tiges, avant de réussir à filer avec mes productions...

Edit du lendemain: quelques outils plus adaptés, un essai sur des chutes de baguettes, et j'ai repris confiance. Il suffit d'y aller tranquillement, avec de petites limes très douces, et de ne pas compter son temps.

Lorsque je suis face à une essence de bois que je n'ai jamais travaillée, je débute gténéralement par une yarn gauge. Le travail est plus rapide qu'avec un fuseau, et comme je débute avec une petite pièce de bois, je suis moins déçue en cas d'échec.

Deux essais, donc, l'un avec de l'olivier, l'autre en noyer.

L'olivier est étonnamment tendre sous les outils, il réagit comme du bois vert. Par contre, son ponçage m'a paru plus délicat, il marque vite dès qu'on appuie un peu trop sur le papier de verre.

Le noyer a révélé de belles marbrures, mais il n'a pas encore la finition douce et sans défaut que j'attends pour un objet au contact de la laine.

C'est finalement un bol presque 3 fois plus haut qui accompagnera le fuseau tibétain à tige de noyer.

Ce tournage m'a permis de tester un morceau de frêne qui est devenu presque nacré pendant le travail de finitions.